Alors que les cyberattaques visant les entreprises se multiplient, Active Directory est devenu l’une des principales cibles des cybercriminels. Ce système, utilisé par plus de 90 % des entreprises du Fortune 1000, est aujourd’hui au cœur des stratégies d’authentification dans les environnements hybrides et cloud. Quand il est compromis, c’est tout le réseau qui tombe. Comprendre pourquoi il est si vulnérable permet de mieux défendre les entreprises critiques face à une cybermenace en constante évolution.
Pourquoi Active Directory est au cœur des attaques informatiques
Un système central pour l’authentification et les autorisations
Active Directory (AD) agit comme la colonne vertébrale des systèmes d’authentification informatique en entreprise. Chaque utilisateur, appareil ou application le sollicite pour accéder aux ressources internes. Lorsqu’un attaquant en prend le contrôle, il peut créer des comptes, modifier les permissions, désactiver les mécanismes de sécurité, et se déplacer latéralement sur le réseau – tout cela en passant sous les radars.
Des exemples concrets de compromission
La cyberattaque Change Healthcare en 2024 démontre bien ce risque : les hackers ont utilisé un serveur dépourvu de double authentification pour accéder à AD, élever leurs privilèges, et perturber les soins à des milliers de patients. Les dossiers médicaux ont été exposés, et l’organisation a déboursé plusieurs millions d’euros de rançon. Cela illustre la puissance de cette tactique : prendre le contrôle d’Active Directory, c’est contrôler l’entreprise entière.
Techniques de piratage les plus utilisées contre Active Directory
Golden ticket, DCSync ou Kerberoasting
Les attaquants exploitent l’architecture même d’AD avec des méthodes redoutables :
- Attaque Golden Ticket : création de tickets d’authentification falsifiés offrant un accès total pendant des mois.
- DCSync : extraction directe de hachages de mots de passe depuis un contrôleur de domaine.
- Kerberoasting : ciblage de comptes de services mal protégés par des mots de passe faibles pour obtenir des droits élevés.
Un élargissement de la surface d’attaque dans les environnements hybrides
Avec l’extension d’Active Directory dans le cloud (Azure AD) et la synchronisation des identités, les entreprises hybrides doivent surveiller des infrastructures complexes. Des configurations mal sécurisées permettent une traversée entre le cloud et le local. Des failles OAuth peuvent même ouvrir des portes dérobées vers l’on-premise. Les vieux protocoles comme NTLM, toujours actifs pour la compatibilité, facilitent les attaques par relais.
Failles courantes et erreurs de configuration fréquemment exploitées
Des mots de passe faibles ou réutilisés
Selon le rapport de Verizon, 88 % des brèches utilisent des identifiants compromis. Les mots de passe difficiles à retenir amènent les utilisateurs à recycler des logins personnels. Même avec des règles de complexité de 8 caractères, les hackers peuvent les casser en quelques secondes à l’aide d’outils tels que ceux présentés dans notre livre pour apprendre à hacker.
Comptes de service, identifiants en cache, accès obsolètes
Les comptes de service aux droits trop élevés sont souvent négligés. Leur mot de passe ne change jamais. Les administrateurs laissent parfois leurs identifiants sauvegardés dans la mémoire des ordinateurs, accessibles via des outils d’extraction. Et, sans processus de gestion des accès, d’anciens employés conservent encore des privilèges sensibles que les hackers peuvent exploiter.
Renforcer la sécurité d’Active Directory : approche moderne et outils à adopter
Politiques de mot de passe robustes et intelligentes
Empêcher l’usage de mots de passe connus issues de fuites (leaks) permet de bloquer en amont les connexions non légitimes. Miser sur des contrôles en temps réel et un retour visuel dynamique aide l’utilisateur à choisir un mot de passe mémorisable mais sécurisé. Des solutions comme Specops Password Policy permettent un blocage actif de plus de 4 milliards de mots de passe compromis, détectés automatiquement dès leur inclusion dans de nouvelles brèches.
Gestion des accès à privilèges (PAM)
Une stratégie efficace pour réduire la surface d’attaque consiste à séparer les comptes utilisateurs des comptes administrateurs. L’accès aux droits élevés doit être limité dans le temps et contrôlé par un système just-in-time. Toute action d’administration doit s’effectuer depuis des machines dédiées pour immuniser les identifiants sensibles contre le vol depuis des postes classiques.
Adopter les principes du Zero Trust
Une vision zero trust bascule la perception classique : aucun accès n’est présumé fiable, même en interne. On évalue contexte, localisation, appareil ou comportement avant d’ouvrir une session. Pour les comptes à privilèges, l’authentification multifactorielle devient obligatoire pour bloquer les tentatives d’intrusion avec des identifiants volés.
Surveillance et détection continue
La capacité à détecter les tentatives d’intrusion repose sur le monitoring actif des changements AD : modification des groupes, délégation de droits, nouvelles politiques… Des alertes doivent se déclencher sur toute activité inhabituelle ou à des horaires anormaux. Corrélée à une bonne gestion des journaux et des accès, cette approche empêche les cyberattaques de se propager silencieusement.
Mises à jour et gestion corrective des vulnérabilités
Chaque retard dans les mises à jour des serveurs AD augmente le risque. En avril 2025, une faille de type escalation de privilèges a permis à des attaquants de passer de droits basiques à un contrôle total. Microsoft a publié un correctif rapidement, mais beaucoup d’organisations n’ont pas réussi à l’appliquer à temps, faute de processus efficaces de patch management.
Protéger Active Directory nécessite d’élever simultanément le niveau de sécurité technique, organisationnel et comportemental. Chez CyberCare, nous accompagnons nos clients dans la sécurisation de leur infrastructure AD, de la gestion des identités à la détection avancée des menaces.




